Les rassemblements d'hier


Constituée en 1902, la Fédération nationale bénéficie d’un premier président, Léopold Mabilleau particulièrement remarquable. Il comprend parfaitement en quoi la mutualité peut s’inscrire alors dans le projet républicain : liberté, égalité, fraternité. Doué d’un sens aigu de la communication, il organise à partir de 1904 de grands rassemblements mutualistes nationaux encouragés par l’Etat, où il excelle à montrer le grand dynamisme de la mutualité. En présence du Président de la république et du “ gratin ” du personnel politique, il fait défiler dans Paris, des Champs Elysées au Champ de Mars, 30 000 mutualistes, encadrés par la Garde républicaine. Cette imposante manifestation, qui se conclut par un immense banquet, frappe d’autant plus l’opinion que l’ensemble des journaux de Paris et de la province rend compte de l’événement dans les termes les plus flatteurs. De nouveaux rassemblements de ce type ont lieu en 1905, 1909, etc.


Les groupements organisent aussi leurs propres rassemblements : ainsi, La Boule de neige fête en 1898 au Bois de Boulogne à Paris l’encaissement de son premier million de francs. Mais la capitale n’a pas l’apanage de ce type de manifestations : elles se déroulent alors dans toute la France notamment, mais pas seulement, à l’occasion de congrès nationaux de la Mutualité, comme celui de Nantes en 1904. Certaines de ces fêtes de la mutualité sont organisées avec d’autres acteurs. Ainsi en 1910, la fête de la Mutualité à Millau est jumelée à celle de l’aviation, signe de progrès s’il en est ; le grand jour arrive et pour la première fois, un avion vole dans le ciel millavois dans un enthousiasme indescriptible. Marches pacifiques, retraites aux flambeaux, chorales mutualistes, loteries, tombolas, banquets : tout est mis en œuvre pour exalter les bienfaits et les progrès de la mutualité, dans un esprit optimiste qui peut parfois nous faire sourire mais qui montre aussi le dynamisme du mouvement ; il progresse alors très rapidement dans toute la société française qu’il pense pouvoir transformer.
En organisant de tels rassemblements, la mutualité recrute de nouveaux sociétaires et se renforce, tout en se forgeant une identité. Beaucoup de ces fêtes tendront à disparaître après la Première Guerre mondiale, où la mutualité se met désormais beaucoup moins souvent en scène. Pour la mutualité comme pour beaucoup d’autres de la société française, cette période sans doute trop optimiste et souvent bercée d’illusions est définitivement révolue. Toutefois, des formes de rassemblement et de sociabilité mutualistes se maintiendront jusqu’à nos jours.


 © FNMF


Les fêtes mutualistes

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