DESROCHE Henri


Né en 1914 à Roanne (Haute-Loire), Henri Desroche entre dans l’Ordre dominicain à Angers en 1934 puis est ordonné en 1936. Mobilisé en 1939-1940, il reprend ensuite des études d’histoire de la philosophie. En 1942, il fait la connaissance de Louis Joseph Lebret à Economie et humanisme où, en découvrant la communauté de travail Boimondau, il entre dans le monde de la coopération. Il partage alors la vie de l’équipe de la Mission ouvrière dominicaine ; la publication, en 1949, de Signification du marxisme l’oblige à démissionner de ses fonctions à Economie et humanisme l’année suivante, puis bientôt, à quitter l’Ordre dominicain. Fondateur du Bulletin d’informations et de recherches (1950) puis cofondateur de La Quinzaine, Henri Desroche apparaît alors comme une des têtes de file du progressisme chrétien, cherchant à penser les complémentarités plutôt que les antagonismes entre marxisme et chrétienté.

Dès lors, l’œuvre d’Henri Desroche intègre trois dimensions, religieuse, sociologique et éducative, à travers une production considérable. Ayant intégré en 1951 le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), il fonde le Bureau des études coopératives et communautaires (BECC) en 1953, puis le Groupe des sociologies des religions et les Archives de sociologie des religions en 1956. En 1957, il constitue le Collège coopératif et les Archives internationales de sociologie de la coopération et du développement (ASSCOD), qui paraîtront trimestriellement sous sa direction, jusqu’en 1989 ; il collabore également avec la Revue des études coopératives. Elu directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études en 1958, il y enseigne la sociologie de la coopération et du développement.


L’œuvre d’Henri Desroche, essentielle sur le mouvement coopératif, porte sur les origines religieuses du mouvement, sa pensée au XIXe siècle, l’associationnisme, la coopération de production, le fouriérisme, les relations entre coopération et développement. Historien et sociologue, Henri Desroche se consacre davantage au projet coopératif qu’à l’organisation des entreprises coopératives, davantage à la coopération de production qu’à la coopération de consommation.


Il n’en est pas moins un observateur attentif du rapprochement entre les diverses composantes de la coopération qui s'esquisse à la fin des années 1970 ; c’est lui qui donne une nouvelle vie à la notion d’ "Economie sociale", repris de Charles Gide. Il développe le réseau des collèges coopératifs en France, puis le Réseau des hautes études des pratiques sociales (RHEPS). En 1977, il met sur pied l’Université coopérative internationale, qui réunit pendant une décennie des militants coopératifs d’Afrique, d’Amérique Latine et du Nord, ainsi que de l’Europe, et qui se consacre à leur formation. Allergique à tout système, partisan d’une recherche interdisciplinaire, cet acteur et auteur critique en ‘recherche-action’, est un personnage inclassable, considéré par certains comme un maître génial et par d’autres comme un essayiste inégal. Une chose est sûre : il a été un des fondateurs de la sociologie des religions en France, un spécialiste incontesté du mouvement coopératif et un éducateur remarquable, comme le note Jean-François Draperi dans la notice qu’il lui a consacrée et à laquelle cette présentation doit beaucoup.

Henri Desroche meurt le 1er juin 1994 à Villejuif.





SOURCE : Notice par Jean-François Draperi, in Patricia Toucas, Les coopérateurs, sous la direction de Michel Dreyfus, Paris, Editions de l’Atelier, 2005.



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