1791-1848



 
Entre résistance et adaptation

La Révolution française libère les activités professionnelles des entraves instaurées par l’Ancien Régime, pour mieux les soumettre aux exigences nouvelles de la liberté d’entreprise et de la concurrence. L’interdit proclamé par la loi Le Chapelier (1791) ne peut cependant refouler toute vie associative au sein d’un monde du travail, confronté aux tourments de la première révolution industrielle. L’association de solidarité s’affirme comme une alternative essentielle à l’insécurité ouvrière. Les principes et les formes d’organisation, mis en oeuvre au début du 19e siècle, s’inspirent de la pratique solidaire obstinée des travailleurs et de l’essor d’une pensée associationniste exceptionnellement féconde.


Combinaison d’un groupement volontaire de personnes et de l’activité d’une entreprise, le nouveau modèle associatif apparaît d’emblée comme la résultante de deux forces : résistance à la généralisation du libéralisme économique et adaptation fonctionnelle à ses règles. Pendant plusieurs décennies, l’association revêt un caractère pluri-fonctionnel ; fonctions de prévoyance, de bienfaisance, mais aussi pré-syndicale, sous la forme de réseaux diversifiés de sociétés de secours mutuels. La dimension économique de ces institutions s’affirme, à partir de 1830, par le moyen d’associations de consommation et de production. L’acte fondateur de l’histoire coopérative se produit Outre-Manche, en 1844, à l’initiative de vingt-quatre ouvriers tisserands de la banlieue de Manchester, sous la forme d’un magasin coopératif de denrées et de vêtements.


 


 

L’expérience des « Equitables pionniers de Rochdale » s’impose dès lors comme la source originelle de la doctrine coopérative et plus largement de l’économie sociale. L’égalité, le contrôle démocratique, la liberté d’adhésion, la justice économique, la neutralité politique et religieuse, autant de principes constitutifs appelés à devenir des références universelles. Le système mutualiste bancaire apparaît en Allemagne, au même moment, sous l’impulsion de Schultze en milieu urbain et de Raffaisen en milieu rural. Il servira de modèle pour développer le Crédit mutuel en France, dans la seconde moitié du 19e siècle. Dans cette période, la Révolution de 1848 constitue l’apogée du mouvement de libération ouvrière par la conquête du droit d’association.



Nouvelle exposition

clic pour imprimer