Les arbres de la mutualité


Vénéré et sacralisé dans toutes les cultures, l’arbre a été intégré dans la symbolique mutualiste au début du XXe siècle. En 1903, l’Union départementale des sociétés de secours mutuels de la Loire plante le premier arbre à Montbrison, sur un terrain privé, car la municipalité n’a pas donné son accord. Cette initiative se revendique d’une double tradition, celle des arbres de Mai des corporations de l’Ancien Régime et celle des arbres de la Liberté de 1789. Qu’elle soit corporative ou républicaine, la plantation publique et solennelle d’un arbre figure la confiance en l’avenir, et c’est bien dans ce sens que l’entendent les mutualistes. A côté de la poignée de main ou de la ruche qui évoquent les pratiques prévoyantes et solidaires de la société de base, l’arbre porte les fleurs et les fruits des espérances mutualistes. Son tronc et les ramifications de ses branches symbolisent toute la force unificatrice du mouvement et la richesse de sa diversité.


A l’occasion des congrès départementaux de 1905, des arbres ornés de drapeaux tricolores sont dressés à Saint-Rambert-en Bugey (Ain), à Granville et Donville (Manche)et dans la Drôme, où le Chef de l’Etat lui-même, Emile Loubet, procède à la plantation, en qualité de président de la société de Montbéliard. La même année, le square du Champ de Mars à Paris accueille un orme mutualiste. A Paris comme en province, et bientôt en Guadeloupe (1913), ces plantations s’inscrivent dans un programme de réjouissances mutualistes, auxquelles sont associés les enfants des écoles communales, qui représentent la mutualité de l’avenir ; la plantation de l’arbre intervient après les démonstrations des sociétés de gymnastique et l’Hymne à la mutualité joué par l’harmonie municipale. Comme toutes les manifestations festives, cette coutume devient moins fréquente après la Première Guerre mondiale. Elle n’en est pas moins célébrée avec ferveur, comme en témoigne ce poème rédigé par le délégué à la propagande de l’union de l’Allier, à l’occasion de la plantation d’un arbre à Lapalisse en 1933 :


« D’un siècle de bonté cet arbre est la préface,
C’est le symbole ardent de la fraternité,
Qu’à son ombre de paix toute haine s’efface
Sous le grand signe humain de la mutualité. »


 © FNMI, JC


Les fêtes mutualistes

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