Les développements en France de l’économie sociale et de la mutualité doivent beaucoup à ce rejet des rapports hiérarchiques, même si selon Proudhon « il y a mutualité et mutualité ». Le rôle des sociétés de secours mutuels lui paraît en effet auxiliaire : « Je considère les SSM, telles qu’elles existent aujourd’hui, comme de simples transitions au régime mutuelliste » . Il prend soin, toutefois, de distinguer fondamentalement les mutuelles des compagnies d’assurances, qualifiées de «compagnies de parasites ».
En revanche, son intérêt pour les différentes formes de coopération, la mutualité de crédit surtout, apparaît mieux établi. La création de la Banque du peuple, qui attire rapidement 12 000 souscripteurs, connaît un réel succès. Et, si son emprisonnement, en octobre 1849, ruine son projet d’une organisation démocratique du crédit, il ne peut compromettre l’élan du coopératisme de base impulsé par la Révolution de février. Les idées mutuellistes et autogestionnaires de Proudhon ne cesseront de constituer, pour le meilleur et pour le pire (on pense à son antisémitisme et sa misogynie) un ferment pour le mouvement ouvrier français en construction, sous les traits d’un courant anarchosyndicaliste opposé à celui du socialisme marxiste.
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