Société française et assistance


Parmi toutes les définitions du mot assistance, nous retiendrons celle-ci : Aide en nature ou espèces fournie au bénéficiaire lorsqu'il se trouve en difficulté.

Les hommes se prêtent naturellement assistance ; au fil des siècles, nous sommes passés d’une assistance « charitable » à une assistance organisée, inséparable des politiques économiques et sociales des pays développés, élaborée par le plan Beveridge (1942), source d’inspiration de notre Sécurité Sociale.

Jusqu’au début du XIXè siècle, la charité (ou bienfaisance) concernait les pauvres, considérés « gêneurs » à travers les siècles, le plus souvent « agent de son propre malheur, buveur d’ailleurs, querelleur parfois…. » Dès le moyen-âge l’hospice les accueille, les « cache » aussi. La création des premiers hôpitaux est motivée par une volonté caritative ; on y nourrit et soigne (prendre soin) les « indigents. » L’hôpital a essentiellement une vocation d’accueil. Ce n’est qu’à partir du XVIIè siècle qu’il se médicalisera avec l’arrivée des premiers chirurgiens.


Dès le début de l’ère industrielle le pauvre est un peu moins pauvre, il devient un travailleur que le patron et l’entreprise éduquent tout en le « formatant. » ; l’école est souvent créée à son initiative. Et aussi le protègent. Car, le secours mutuel s’organise souvent sous l’égide patronale. Le travailleur est ainsi initié à prévoir l’adversité et le moment où, trop âgé et malade, il devra cesser toute activité. La mutualité scolaire s’inscrit dans cet esprit d’éducation à la prévoyance.

Le XIXè siècle est considéré comme un siècle de progrès, marqué par de graves crises économiques qui engendreront à la fin du siècle une remise en cause progressive du libéralisme économique. Le revenu moyen de l’ouvrier le maintient dans un état de précarité sociale obligeant la théorie économique à une prise en compte des besoins sociaux qui favorisera l’émergence d’idées nouvelles. Le principe de l’obligation à assistance est inscrit dans la loi de la IIIè République ; il conduira à la première loi de protection sociale des travailleurs, les retraites ouvrières et paysannes (1910), gérées pour le principal par les sociétés de secours mutuels et, plus tard, les assurances sociales.


La création des assurances sociales et le développement de la mutualité font apparaître la nécessité d’une réforme profonde des établissements hospitaliers. Ils ne s’adressent plus seulement aux « indigents » à la charge de l’assistance publique ; ils reçoivent maintenant des malades « payants » par le truchement des assurances. Les hôpitaux deviennent des établissements de soins ouverts à tous (1943) jouant un rôle pivot du secteur de la santé jusqu’alors apanage du privé (cliniques, médecins, chirurgiens…)

La Sécurité Sociale (1945) permettra rapidement l’émergence d’une politique de protection sociale et de santé publique pour tous les travailleurs et leurs ayants-droits. Dès sa création, la Sécurité Sociale présente de graves faiblesses et sa gestion nécessite autant de réformes que de politiques sociales. Pourtant reconnue meilleur système de protection sociale en l’an 2000, nous pouvons nous interroger aujourd’hui sur les vraies raisons de son profond déficit quand l’assuré lui-même ne cesse de supporter de nouvelles taxes pour le combler, sans aucun résultat. En 2008, le travailleur est un salarié pauvre qui vient même gonfler le nombre des sans domicile fixe. Alors, l’assistance invente sans cesse, au gré des besoins ; elle est toujours l’apanage de l’économie sociale et solidaire, des femmes et des hommes de bonne volonté.



Expo 2008

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