GODIN Jean-Baptiste



 
Jean-Baptiste GODIN (1817-1888)

Jean-Baptiste Godin se destine à devenir serrurier, comme son père, lorsqu'en 1835, il entreprend son tour de France, au cours duquel il prend conscience de l'état d'exploitation du prolétariat des grands centres industriels. Dès lors, c'est dans la lecture des utopistes, Saint-Simon, Owen, Fourier, que cet autodidacte puise l'inspiration pour améliorer la condition des ouvriers. Ingénieux autant que philanthrope, il met au point un procédé de substitution de la fonte au fer, grâce auquel il peut faire fabriquer les fameux poêles, qui font sa fortune autant que la renommée internationale de son usine, implantée à Guise (Aisne).


Après l'échec des colonies phalanstériennes implantées aux Etats-Unis, qu'il a financièrement soutenues, il décide d'expérimenter lui-même les théories associationnistes de Fourier. Sur le site même de la fabrique d'appareils de chauffage et de cuisine, il entreprend en 1859, de faire construire le "Palais social" ou "Familistère", qui est achevé trente ans plus tard. Les familles de travailleurs y vivent dans des logements unitaires pourvus de tout le confort et l'hygiène modernes. Des structures collectives d'éducation et de loisirs mettent à leur disposition, selon les termes mêmes de son concepteur, "Les équivalents de la richesse". Les 1200 ouvriers de l'usine reçoivent, outre leur salaire, des parts sociales bloquées dans le capital pendant au moins dix ans. Par cette formule, la propriété du Familistère, de ses usines et de ses dépendances, passe d'année en année des mains de Godin à celles du personnel. En 1880, est constituée la société du Familistère de Guise, qui se présente comme l'association coopérative du capital et du travail, dont Godin est l'administrateur-gérant.


L'oeuvre familistérienne répond sur le mode coopératif à tous les besoins des travailleurs: logement, magasins coopératifs (boulangerie, épicerie, mercerie, ameublement, vêtements, combustibles...), une crèche et une école primaire, une caisse de prévoyance pour les maladies, les accidents et la retraite, et pour les loisirs, un restaurant, un théâtre, une piscine, une bibliothèque. A sa mort, en 1888, Jean-Baptiste Godin lègue la moitié de ses biens au Familistère, qui conserve son statut coopératif jusqu'en 1968. Jadis lieu d'expérimentation du progrès social, le Familistère de Godin apparaît aujourd'hui comme le témoignage architectural des utopies coopératives du 19e siècle.


Le Familistère de Guise
Autour de grandes cours intérieures couvertes de verrières, les appartements étaient desservis par des galeries. Dans chaque angle, un escalier, un point d'eau, des toilettes, une trappe à balayures. Autre souci d'avant-garde pour l'époque, on avait installé des cloisons et des plafonds coupe-feu.


 


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