Coopération de consommation



 

La coopération de consommation est un mouvement social né au début du XIXe siècle et découle de la révolution industrielle où se développe une classe ouvrière sans droits, aux faibles salaires, confrontée à un petit commerce qui vend cher et à crédit des produits de qualité douteuse. Le britannique Robert Owen forge le terme de “ coopération ”, système social qu’il oppose à la concurrence et à la propriété individuelle. A partir de 1844, les Equitables pionniers de Rochdale cherchent à mettre en pratique les quatre règles fondamentales qui vont définir jusqu’à nos jours la coopération : principe de la “ porte ouverte ” ; contrôle démocratique : “ un homme, une voix ” ; répartition des dividendes entre les membres au prorata de leurs opérations avec la société ; rémunération limitée de l’intérêt au capital.
Des socialistes utopiques (Charles Fourier) pensent la coopération à travers l’association. En 1835, Michel Derrion ouvre à Lyon une épicerie, Le Commerce véridique et social, où le bénéfice est réparti en quatre parts. C’est l’apparition de la ristourne et des principes essentiels de la consommation : qualité des marchandises, prix véridiques, société ouverte à tous, association du consommateur à la vie de la société et utilisation d’une part des bénéfices pour les œuvres sociales.


La IIe République favorise l’apprentissage de l’association puis, la coopération de consommation se délivre de son essence associationniste, pour enrichir son expérience aux sources de la doctrine de Rochdale. A partir de 1885, l’Ecole de Nîmes et Charles Gide mettent en place les éléments qui permettent d’aboutir à l’unité du mouvement en 1912. Les deux branches du mouvement coopératif fondent la Fédération nationale des coopératives de consommation (FNCC) : elle repose sur la fédéralisation, la concentration et centralisation des coopératives ainsi que la gérance responsable. Elle vise à “ l’appropriation collective et graduelle des moyens d’échange et de production par les consommateurs associés ”, selon la doctrine élaborée par Ch. Gide.


Durant la Première Guerre, la coopération de consommation collabore à l’économie de guerre et organise le ravitaillement dans certains secteurs du front ; aussi, en 1918, elle s’est imposée à l’opinion et aux Pouvoirs publics. En 1934, la FNCC qui regroupe plus de 2 millions d’adhérents développe des activités sociales, éducatives, et publie Le Coopérateur de France. En 1940, quelques dirigeants nationaux se prêtent à un rapprochement avec le gouvernement de Vichy. La FNCC est dissoute et la coopération poursuit difficilement ses activités, tout en s’interdisant la pratique du marché noir.
En 1947, une loi élaborée par Paul Ramadier donne à la coopération un véritable statut. La FNCC poursuit sa politique de concentration et en 1976, il subsiste 24 sociétés régionales. En 1960, elle rassemble trois millions et demi de sociétaires et depuis 1945, son chiffre d’affaires est passé de 12 à 250 milliards de francs. Peu à peu, elle doit aussi tenir compte du développement du Marché commun.


La coopération se maintient dans les villes moyennes et les zones semi-rurales, moins dans les grandes villes, mais tarde à s’adapter à l’apparition des grandes surfaces et à la diversification des produits : le premier supermarché coopératif ouvre en 1961, et le premier hypermarché en 1969. Vers 1965, la FNCC cherche à tenir compte des changements en privilégiant les objectifs commerciaux au détriment de la doctrine. En 1967, elle supprime ses fédérations régionales et renforce ses organismes centraux. En 1973, ses sociétés régionales, (94 % de son chiffre d’affaires), gèrent 7 470 succursales exploitées commercialement en libre-service.
La coopération de consommation devient peu à peu une entreprise de distribution comme les autres — abandon par les adhérents de la ristourne, distanciation des relations entre sociétaires et personnel, difficultés à collecter les fonds des adhérents — annonçant une coopération sans coopérateurs. La FNCC connaît alors un déséquilibre entre l’économique et le social puis, à partir de 1985, elle entre dans une très grave crise financière. Depuis, elle se reconstitue dans plusieurs régions en privilégiant certains produits, notamment les produits biologiques.



 


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