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Né à Paris en 1760, Claude-Henri de Rouvroy, Comte de Saint-Simon, est un aristocrate sans grande fortune, petit neveu du mémorialiste de la fin du règne de Louis XIV. Destiné à une carrière militaire, il participe comme officier de marine à la Guerre d’indépendance américaine mais ses goûts personnels le portent plutôt à l’étude des sociétés humaines. Il profite de ses missions militaires, aux Pays-Bas et en Espagne, pour soumettre aux gouvernants des projets économiques, allant de pair avec des entreprises souvent hasardeuses.
Au début du Premier Empire, l’homme d’affaires devient penseur, polémiste et écrivain. Influencé par les Encyclopédistes, il affirme qu’il appartient à l’élite intellectuelle et économique — savants et entrepreneurs — de réformer la société. Il considère le travail comme le fondement de la société moderne, l’augmentation de la production étant une condition de l’instauration du bonheur social. Il fustige l’oisiveté des aristocrates, auxquels il oppose la “ classe industrielle ” dans laquelle il range indifféremment patrons, ouvriers et artisans. Enfin son “ industrialisme ” l’amène à défendre la notion d’une mission coordinatrice de l’Etat.
Dans un pamphlet célèbre, Parabole, qui le conduira aux Assises en 1819, il affirme que la mort des trente mille personnages les plus en vue de l’Etat causerait moins de tort à la Nation que celle des meilleurs travailleurs de la science, de l’art et de l’artisanat, du commerce et de l’agriculture. Il sera acquitté au bénéfice du doute concernant le sérieux de sa théorie. Cette anecdote connue rend mal compte toutefois de l’importance que donnera ensuite l’économie sociale aux catégories professionnelles visées par Saint-Simon.
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